Les rues agricoles d'Aubervilliers

Un Commun ambitieux !

L'idée des étudiant·es de 2024

En 2024, la ville d’Aubervilliers était une ville densément peuplée et fortement urbanisée, ainsi dans le cadre du développement d’agricultures urbaines productives et nourricières, l’atelier d’étudiant.es a préconisé à la ville de mobiliser l’ensemble des espaces disponibles anciennement dédiés à d’autres fonctions (bureaux, habitation et mobilité) et les espaces dits “interstitiels”.

Les rues agricoles : principes et contraintes

Il a été préconisé de mobiliser une partie des rues d’Aubervilliers, tout en appliquant un certain nombre de “contraintes” techniques permettant de développer une ville nourricière tout en promouvant une ville inclusive. Dans le cadre de cette réflexion, il a été demandé de mobiliser au plus vite les rues orientées nord-sud et disposant d’une exposition optimale permettant d’assurer une production maraîchère et fruitière optimale.

1. Contraintes d’accessibilités

a- Accessibilité PMR : 

  • Réglementation actuelle : 

La réglementation en vigueur en 2024 imposait, par l’article 45 de la loi n° 2005-102 du 11 février 2005, pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, que « la chaîne du déplacement, qui comprend le cadre bâti, la voirie, les aménagements des espaces publics, les systèmes de transport et leur intermodalité, est organisée pour permettre son accessibilité dans sa totalité aux personnes handicapées ou à mobilité réduite».

L’arrêté du 15 janvier 2007 modifié relatif à l’accessibilité de la voirie, pris en application du décret n° 2006-1658 du 21 décembre 2006 précisait que “la largeur minimale du cheminement est de 1,40 mètre libre de mobilier ou de tout autre obstacle éventuel”.

Par ailleurs, les recommandations de l’ancien organisme, l’AFNOR, dans son fascicule P 98-350 préconisait une largeur minimale de 1,80 m afin de permettre le passage de deux fauteuils roulants sans difficultés.

  • Recommandations Aubervilliers : 

Afin de permettre une ville accessible pour toustes et non-discriminante, il a été décidé qu’il était impératif de suivre les recommandations les plus poussées en matière d’accessibilité pour les personnes en fauteuil roulant, ainsi il a été préconisé de garder de chaque côté des bâtiments des trottoirs bitumés d’une largeur de 1,8 m chacun.

b- Accessibilité des secours

L’ensemble de ces rues doit rendre possible le cheminement des vélos, mais également l’accessibilité des engins de secours. Par conséquent, il a été recommandé de suivre la réglementation actuelle afin de garantir la sécurité des personnes, en mettant en place une piste cyclable bidirectionnelle d’une largeur de 3 mètres pour l'ensemble des rues agricoles.

c- Réseaux souterrains

Les nombreuses plantations devaient et doivent encore prendre en compte les réseaux souterrains sous Aubervilliers. Le développement d’une approche métabolique a cependant permis la diminution de ces réseaux avec la mise en place de systèmes plus petits et autonomes, non connectés à l’infrastructure réseau.

2. Productions agricoles

a- Palette maraîchère et fruitière

Depuis ces propositions et la mise en place d’une agriculture urbaine productive dans un temps long dans la commune d’Aubervilliers, des réflexions ont été lancées afin de définir une palette de légumes et de fruits pouvant s’adapter à des conditions climatiques plus extrêmes, ceci est d’autant plus vrai pour des arbres qui ont un temps de développement long.

Pour le maraîchage, des réflexions ont été faites afin de prévoir des productions et des semences adaptées au temps long, le réchauffement climatique ne permettant pas l’adaptation des cultures actuelles à des événements plus extrêmes. Il est donc apparu nécessaire de lancer auprès d’un centre de recherche sur l'agriculture une réflexion autour des légumes pouvant convenir au contexte climatique actuel de la ville d’Aubervilliers.

b- Largeur des passages et des planches de culture pour le maraîchage

Les rues agricoles devaient disposer, en fonction de leur largeur, d’une ou plusieurs planches de maraîchage d’une largeur de 1m de large (permettent d’atteindre avec son bras le milieu sans problème) sur 25m de long et entre chaque un espacement de passe-pieds de 50cm de large afin de circuler facilement.

c- Espacement entre les arbres fruitiers

En 2024, il a été recommandé que les rues agricoles soient réalisées avec un espace verger et jardin accessible permettant une production fruitière. Conformément aux recommandations de l’époque de l’association française d’Agroforesterie, il a été envisagé une densité de 50 arbres plantés à l’hectare et 7 à 8 mètres de distance entre chaque plant pour un bon compromis entre croissance de l’arbre et accès à la lumière pour les cultures.

d- Optimisation de la surface disponible : les strates végétales 

La surface au sol de la ville n’étant presque plus disponible, il a été imaginé, reprenant les principes de l'agriculture syntropique, le développement de l’ensemble des strates végétales afin d’optimiser les rendements. Les vergers et les espaces productifs pourront développer l’ensemble des strates végétales afin d’optimiser les rendements tout en permettant un cheminement facile pour un usage récréatif également.

Dans une nécessité de produire un maximum de fruits tout en favorisant une ville adaptée à l’augmentation des températures en été, il a été recommandé que l’espace dédié au déplacement piéton soit recouvert d’une pergola avec des plantes grimpantes fruitières permettant de fournir de l’ombre, mais également une production optimale.


3. Les rues agricoles : un changement de fonction au service de toustes

Les nouvelles rues agricoles proposées en 2024 ont dû s'accompagner d’un changement assez radical de fonction de la rue. Elle était et est un espace dédié à la mobilité avec un respect d’un certain nombre de contraintes expliquées plus haut. Toutefois, cet espace est devenu un espace pratiqué d’une autre manière, avec des espaces-vergers mais également récréatifs. Ces rues doivent alors comprendre un certain nombre d’espaces accessibles à toustes et permettant les échanges entre les habitants, un mobilier urbain favorisant les échanges, jeux pour les enfants, lieux d’organisation et de pratiques de la démocratie albertivillarienne.


4. Les rues concernées

  • Rue Lécuyer, puis rue de la Motte, rue Henri Manigart, rue Elisée Reclus

    • Longueur : 1,75 km

    • 14 m de large

  • Rue Henri Barbusse puis rue Charles Tillon

    • Longueur : 2,32 km

    • 5 à 21 m de large

  • Rue des Cités 

    • 1,42 km

    • 12 m de large

  • Rue André Karman, puis rue du commandant l’Herminier

    • 1,84 km

    • 10 m de large

  • Rue de la Commune de Paris, 

    • 0,62 km

    • 18 m de large

  • Rue Chouveroux puis rue Firmin Gémier

    • 0,51 km

    • 7m de large à 17m de large

  • Rue Waldeck Rochet puis

    • 0,99 km

    • 30 m de large

  • Rue de la Hai Coq

    • 0,95 km

    • 11 m de large

  • Rue du Goulet, puis rue Schaeffer

    • 1,27 km

    • 11 m de large

5. Le rythme de déploiement

Le développement de ces rues, l’interdiction des déplacements automobiles ne s’est pas fait de manière trop radicale, il a été important d’avoir l’adhésion des habitants en développant quelque chose de convaincant et de commencer le développement et l’expérimentation de ces rues dans des espaces à proximité des écoles.

De plus, le déploiement de ces rues a nécessité l’investissement des équipes municipales afin d’accompagner le changement, de l’expliquer et d’encadrer les nouvelles pratiques et d’impliquer au maximum les habitant.es.

Impact sur la production alimentaire albertivillarienne

Pour l’ensemble des rues mobilisées, le potentiel de production en maraîchage mobilisé par ce programme, en prenant une moyenne de 2 planches en maraîchage d’une largeur d’1 m par rue, donc proche de 5 hectares (4,848 hectares).

En ce qui concerne la plantation des arbres, il a été possible de planter plus de 1700 arbres fruitiers producteurs (1731).

Charte des rues agricoles

Préambule

Afin de concilier sa densité urbaine avec le besoin croissant d'approvisionnement alimentaire local et durable, la ville d'Aubervilliers s'engage dans la transition écologique et sociale en transformant ses rues en espaces nourriciers. Cette charte vise à définir les règles et les usages des "rues agricoles" pour garantir la qualité de vie et l'inclusion de toutes et tous.

Article 1 - Définition

Une rue agricole est une rue dont une partie est dédiée à la production maraîchère et fruitière, tout en garantissant la circulation piétonne, cycliste, l’accès aux personnes à mobilité réduite et aux véhicules de secours.

Article 2 : Identification des rues

Les rues agricoles sont identifiées selon les critères suivants :

  • Orientation nord-sud pour maximiser l'ensoleillement
  • Largeur suffisante pour accueillir des installations agricoles 

Article 3 : Aménagement des rues

L'aménagement des rues agricoles prend en compte les éléments suivants :

  • Choix de cultures adaptées au climat urbain
  • Installation de systèmes d'irrigation économes en eau, issues des eaux pluviales
  • Participation des habitants à la conception et à l'entretien des espaces

Article 4 : Charte d'usages

La charte d'usages précise les règles et les pratiques autorisées dans les rues agricoles, notamment :

  • Interdiction de l'utilisation de pesticides et d'engrais chimiques
  • Entretien selon les régles décidées en comité de quartier

Article 5 : Animation et sensibilisation

La ville d'Aubervilliers s'engage à animer et à sensibiliser les habitants aux rues agricoles :

  • Mise en place d'ateliers pédagogiques
  • Organisation d'événements festifs et participatifs
  • Diffusion d'informations et de conseils

Article 6 : Suivi et évaluation

Un suivi régulier est effectué pour évaluer l'impact des rues agricoles sur l'environnement, la qualité de vie et le bien-être des habitant·es.