Il a été préconisé de mobiliser une partie des rues d’Aubervilliers, tout en appliquant un certain nombre de “contraintes” techniques permettant de développer une ville nourricière tout en promouvant une ville inclusive. Dans le cadre de cette réflexion, il a été demandé de mobiliser au plus vite les rues orientées nord-sud et disposant d’une exposition optimale permettant d’assurer une production maraîchère et fruitière optimale.
1. Contraintes d’accessibilités
a- Accessibilité PMR :
- Réglementation actuelle :
La réglementation en vigueur en 2024 imposait, par l’article 45 de la loi n° 2005-102 du 11 février 2005, pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, que « la chaîne du déplacement, qui comprend le cadre bâti, la voirie, les aménagements des espaces publics, les systèmes de transport et leur intermodalité, est organisée pour permettre son accessibilité dans sa totalité aux personnes handicapées ou à mobilité réduite».
L’arrêté du 15 janvier 2007 modifié relatif à l’accessibilité de la voirie, pris en application du décret n° 2006-1658 du 21 décembre 2006 précisait que “la largeur minimale du cheminement est de 1,40 mètre libre de mobilier ou de tout autre obstacle éventuel”.
Par ailleurs, les recommandations de l’ancien organisme, l’AFNOR, dans son fascicule P 98-350 préconisait une largeur minimale de 1,80 m afin de permettre le passage de deux fauteuils roulants sans difficultés.
- Recommandations Aubervilliers :
Afin de permettre une ville accessible pour toustes et non-discriminante, il a été décidé qu’il était impératif de suivre les recommandations les plus poussées en matière d’accessibilité pour les personnes en fauteuil roulant, ainsi il a été préconisé de garder de chaque côté des bâtiments des trottoirs bitumés d’une largeur de 1,8 m chacun.
b- Accessibilité des secours
L’ensemble de ces rues doit rendre possible le cheminement des vélos, mais également l’accessibilité des engins de secours. Par conséquent, il a été recommandé de suivre la réglementation actuelle afin de garantir la sécurité des personnes, en mettant en place une piste cyclable bidirectionnelle d’une largeur de 3 mètres pour l'ensemble des rues agricoles.
c- Réseaux souterrains
Les nombreuses plantations devaient et doivent encore prendre en compte les réseaux souterrains sous Aubervilliers. Le développement d’une approche métabolique a cependant permis la diminution de ces réseaux avec la mise en place de systèmes plus petits et autonomes, non connectés à l’infrastructure réseau.
2. Productions agricoles
a- Palette maraîchère et fruitière
Depuis ces propositions et la mise en place d’une agriculture urbaine productive dans un temps long dans la commune d’Aubervilliers, des réflexions ont été lancées afin de définir une palette de légumes et de fruits pouvant s’adapter à des conditions climatiques plus extrêmes, ceci est d’autant plus vrai pour des arbres qui ont un temps de développement long.
Pour le maraîchage, des réflexions ont été faites afin de prévoir des productions et des semences adaptées au temps long, le réchauffement climatique ne permettant pas l’adaptation des cultures actuelles à des événements plus extrêmes. Il est donc apparu nécessaire de lancer auprès d’un centre de recherche sur l'agriculture une réflexion autour des légumes pouvant convenir au contexte climatique actuel de la ville d’Aubervilliers.
b- Largeur des passages et des planches de culture pour le maraîchage
Les rues agricoles devaient disposer, en fonction de leur largeur, d’une ou plusieurs planches de maraîchage d’une largeur de 1m de large (permettent d’atteindre avec son bras le milieu sans problème) sur 25m de long et entre chaque un espacement de passe-pieds de 50cm de large afin de circuler facilement.
c- Espacement entre les arbres fruitiers
En 2024, il a été recommandé que les rues agricoles soient réalisées avec un espace verger et jardin accessible permettant une production fruitière. Conformément aux recommandations de l’époque de l’association française d’Agroforesterie, il a été envisagé une densité de 50 arbres plantés à l’hectare et 7 à 8 mètres de distance entre chaque plant pour un bon compromis entre croissance de l’arbre et accès à la lumière pour les cultures.
d- Optimisation de la surface disponible : les strates végétales
La surface au sol de la ville n’étant presque plus disponible, il a été imaginé, reprenant les principes de l'agriculture syntropique, le développement de l’ensemble des strates végétales afin d’optimiser les rendements. Les vergers et les espaces productifs pourront développer l’ensemble des strates végétales afin d’optimiser les rendements tout en permettant un cheminement facile pour un usage récréatif également.
Dans une nécessité de produire un maximum de fruits tout en favorisant une ville adaptée à l’augmentation des températures en été, il a été recommandé que l’espace dédié au déplacement piéton soit recouvert d’une pergola avec des plantes grimpantes fruitières permettant de fournir de l’ombre, mais également une production optimale.
3. Les rues agricoles : un changement de fonction au service de toustes
Les nouvelles rues agricoles proposées en 2024 ont dû s'accompagner d’un changement assez radical de fonction de la rue. Elle était et est un espace dédié à la mobilité avec un respect d’un certain nombre de contraintes expliquées plus haut. Toutefois, cet espace est devenu un espace pratiqué d’une autre manière, avec des espaces-vergers mais également récréatifs. Ces rues doivent alors comprendre un certain nombre d’espaces accessibles à toustes et permettant les échanges entre les habitants, un mobilier urbain favorisant les échanges, jeux pour les enfants, lieux d’organisation et de pratiques de la démocratie albertivillarienne.
4. Les rues concernées
5. Le rythme de déploiement
Le développement de ces rues, l’interdiction des déplacements automobiles ne s’est pas fait de manière trop radicale, il a été important d’avoir l’adhésion des habitants en développant quelque chose de convaincant et de commencer le développement et l’expérimentation de ces rues dans des espaces à proximité des écoles.
De plus, le déploiement de ces rues a nécessité l’investissement des équipes municipales afin d’accompagner le changement, de l’expliquer et d’encadrer les nouvelles pratiques et d’impliquer au maximum les habitant.es.