La lutte contre la gentrification

Source : https://www.lamule.media/2020/10/30/dans-le-10eme-a-paris-habitants-et-collectifs-solidaires-sorganisent-contre-la-gentrification/

Les réflexions autour des agricultures urbaines et de l’alimentation durable, les étudiant.es ont été amenées à prendre en compte la question de la gentrification. En effet, la mise en place des préconisations de l’atelier, iels ont identifié le risque, qu’à terme, ces évolutions aient un impact sur la structure de la population d’Aubervilliers et sa capacité à accéder à une alimentation de qualité.

Propositions de l'atelier en 2024

Afin de ne pas se détourner de l’objectif d’apporter une alimentation saine et accessible financièrement aux habitant.es, il semblait important de prendre des mesures visant à éviter l’exclusion des habitant.es. Il a donc été proposé en 2024 d’associer aux mesures relatives à  l’alimentation saine et durable, les politiques suivantes :

  • Politiques de maintien des habitants dans le cadre de projets de rénovations urbaines : mettre en place une priorité d’accession aux habitants actuels ;

  • Construction de logements sociaux destinés aux catégories populaires ;

  • Politique d’encadrement du prix des loyers : sortir le foncier d’une logique capitaliste en s’attaquant aux mécanismes de la rente foncière ;

  • Maintien des commerces populaires et accessibles en prix : mise en place d’un encadrement des baux commerciaux.


Ces mesures permettront de lutter contre les processus de gentrification dans l’organisation politique et administrative actuelle. Cependant, ces mesures ne prennent pas le problème à la racine même. Dans le cadre d’un changement plus global, il serait nécessaire de modifier les ressources financières des collectivités territoriales dans le respect du principe constitutionnel d'autonomie financière des collectivités territoriales.

Les ressources financières des collectivités territoriales sont constituées majoritairement de divers impôts fonciers qui évoluent en fonction des prix du foncier. Par conséquent, les collectivités qui veulent mettre en place des projets d’aménagements sont poussées à faire venir des populations plus favorisées, augmentant le prix du foncier et ainsi accroître les ressources à leurs dispositions.

Impacts et bénéfices sur l'alimentation accessible pour toustes

Une politique visant à favoriser les logements sociaux et à restreindre, voire diminuer la part du loyer dans les dépenses contraintes peut ainsi avoir un bénéfice sur l’économie locale, les ménages disposant de ressources qu’ils peuvent mobiliser dans l’alimentation, la santé ou les loisirs.

La loi de lutte contre la gentrification (7 septembre 2033)

En 2032, la députée Emiliana Popincourt, élue d'Aubervilliers, déposait un projet de loi visant à lutter contre les processus de gentrification en cours dans la commune où le programme de Ville du Tiers provoquait la hausse des prix de l'immobilier. S'appuyant sur les recommandations du groupe d'étudiant·es de 2024, elle proposait notamment la modification des ressources financières des collectivités territoriales dans le respect du principe d'autonomie financière des collectivités territoriales inscrit à l’article 72-2 de la Constitution.

Malgré l'âpreté du combat politique, le projet fut finalement adopté sur le fil le 7 septembre 2033 à trois voix près. Cette loi historique a contribué à apaiser les marchés immobiliers. 

Vous pouvez retrouver ci-dessous son discours prononcé à la tribune de l'Assemblée nationale ce jour-là.

Discours à l'Assemblée Nationale à l'occasion du vote sur la Loi de lutte contre la gentrification

Mesdames et Messieurs les Députés,

Aujourd'hui, nous nous réunissons pour un moment crucial dans l'histoire de notre nation. Nous sommes ici pour voter une loi qui vise à combattre l'une des menaces les plus pressantes qui pèsent sur nos communautés : la gentrification.

La gentrification est un phénomène complexe et insidieux qui prive de leurs foyers et de leur communauté les habitants les plus vulnérables de nos villes. Elle est alimentée par une logique capitaliste qui place le profit avant les personnes, favorisant l'arrivée de populations plus aisées au détriment de ceux qui ont toujours appelé ces quartiers leur maison.

Afin de mettre un terme à cette injustice, nous proposons aujourd'hui une série de mesures concrètes qui visent à préserver la diversité et la vitalité de nos quartiers tout en offrant des opportunités équitables à tous nos concitoyens.

Tout d'abord, nous mettrons en place des politiques de maintien des habitants dans le cadre de projets de rénovations urbaines. Il est essentiel que ceux qui ont contribué à façonner l'identité de nos quartiers puissent continuer à en bénéficier. Nous accorderons donc une priorité d'accession aux habitants actuels dans tous les projets de rénovation.

De plus, nous nous engageons à construire davantage de logements sociaux destinés aux catégories populaires. Chaque individu a le droit fondamental à un logement décent, et nous ne ménagerons aucun effort pour garantir que ce droit soit respecté pour tous.

Nous prendrons également des mesures drastiques pour encadrer le prix des loyers, sortant ainsi le foncier d'une logique capitaliste qui le transforme en un outil de spéculation. Nous ne permettrons pas que le profit d'une poignée soit obtenu au détriment du bien-être de la majorité.

Enfin, nous veillerons au maintien des commerces populaires et accessibles en prix en mettant en place un encadrement strict des baux commerciaux. Ces commerces sont le cœur battant de nos quartiers, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les protéger.

Ces mesures représentent une première étape importante dans notre combat contre la gentrification. Cependant, nous reconnaissons qu'elles ne traitent que les symptômes d'un problème plus profond.

Nous devons également remettre en question les ressources financières des collectivités territoriales, qui favorisent actuellement la gentrification en encourageant l'arrivée de populations plus aisées. Nous devons modifier ces mécanismes pour garantir que nos villes restent accessibles à tous, indépendamment de leur statut financier.

Mesdames et Messieurs, nous avons une opportunité unique aujourd'hui de défendre nos communautés contre les forces de la gentrification. En votant en faveur de cette loi, nous envoyons un message clair : nous sommes déterminés à construire un avenir où chaque individu a sa place dans nos villes, quel que soit son statut social ou économique.

Je vous exhorte donc à voter en faveur de cette loi historique. Ensemble, nous pouvons faire de nos quartiers des lieux où chacun peut s'épanouir et prospérer. Merci.